Avec la proclamation de la IIIe République en septembre 1870, les idées
républicaines redeviennent effervescentes, elles condamnent fermement l'«obscurantisme religieux» : «Le cléricalisme ? Voilà l'ennemi !» annonce Gambetta.
Dans un Morbihan resté plutôt conservateur, ce combat républicain va
s'épanouir à Palais (Belle-Île-en-Mer) quand une municipalité républicaine est élue en mai 1871. L'administration des recteurs en place à Hoedic et à Houat, deux sections de la commune de Palais, est inacceptable pour la nouvelle équipe.
Deux dogmes vont alors s'affronter. En quelques années, la fin de ces
gouvernances cléricales est érigée en défi national, propre à édifier le
mouvement républicain pour la mise en place des institutions républicaines.
Un journal de Gambetta, La Petite République française, s'empare de
l'affaire en 1879, quand la Ille République s'affermit avec la fin de la coalition conservatrice de !'Ordre moral.
Des adjoints spéciaux laïques et républicains sont nommés sur les deux îles, en remplacement des recteurs. Il en résulte des conflits répétés. Les recteurs perdent successivemenlte leurs autres responsabilitésa dministratives. Mais ils défendent bec et ongles leur cantine, source de revenus qu'ils considèrent comme indispensable pour l'Église de chacune des deux îles.
Vingt années de luttes, parfois dramatiques, souvent ubuesques ou
burlesques, nourries de multiples péripéties et rebondissements avec une série d'acteurs dignes de la Commedia dell'Arte, aboutissent à l'érection en communes d'Hoedic et de Houat en décembre 1891, mettant fin à la subordination à la municipalité de Palais.
Un corpus particulièrement riche en sources écrites, en points de vue
croisés et en récits hauts en couleur couvre ces vingt années. Le choix
éditorial a été de publier l'essentiel de ces sources et le détail des
événements dont nous avons connaissance, dans une approche pouvant tenir de la microhistoire.
A déguster sans modération…
